Nuit de la Honte à Paris – Contre l’autoritarisme, pour un contrôle citoyen de la police et une politique d’accueil digne

Au lendemain du 23.11.2020, les insoumis appellent à renoncer à la loi Sécurité Globale, demandent un contrôle citoyen de la police et une politique d’accueil digne.
©RTL / Martin Bureau / AFP

Violence et stupéfaction

De Paris nous parviennent des images sidérantes : des migrants chassés par la police d’un camp de fortune en plein mois de Novembre, sans solution de relogement pour tous, réinstallent un nouveau campement improvisé place de la République.

Là, au cœur de la nuit, les forces de l’ordre coordonnées par M. Didier Lallement, préfet de police de Paris, effectuent ce qui ressemble plus à une rafle qu’à une intervention, au pied même de la statue symbolisant la République, porteuse de liberté, d’égalité, et de fraternité.

Violence contre les réfugiés, sortis de leurs tentes dans le froid sans égard ni humanité, frappés, dépossédés de leurs abris, chassés dehors de Paris.
Violence contre les journalistes, pourchassés, frappés, menacés.
Violence sur des manifestants, avocats, élus, nassés, empêchés de circuler.

Quelques heures plus tôt, le ministre de l’intérieur M. Gérald Darmanin recevait un collectif comprenant des journalistes, un avocat ainsi que la famille de feu M. Cédric Chouviat. Porteurs d’un message d’opposition aux articles liberticides de la proposition de loi « Sécurité Globale », ils ont tenté de se faire entendre dans une réunion qui a tourné court devant le refus du ministre de céder quoi que ce soit.

Tout le monde rejette la loi « Sécurité Globale »

Rappelons qu’une centaine d’ONG et d’associations, que la Ligue des Droits de l’Homme, qu’Amnesty International, que l’ONU condamnent cette proposition de loi. Que par son attitude hautaine et pleine de morgue, la gouvernance En Marche a permis que notre pays se retrouve qualifié du sobriquet d’Absurdistan autoritaire, un terme tristement vrai tant nos institutions et nos fonctionnements sont devenus incohérents et inefficaces sous l’autorité discrétionnaire d’un président décidant tout dans le confort secret du Conseil de Défense.

Cela n’a que trop duré.

Il est grand temps pour le gouvernement et sa majorité parlementaire de revenir à la raison et de renoncer à leurs fantasmes autoritaires d’un pays où l’on peut filmer tout le monde sauf la police en action.

Il est grand temps pour M. Darmanin de tirer les conséquences de ses politiques du chiffre désastreuses tout comme de ses complaisances coupables avec quelques syndicats policiers au discours ouvertement hostile à toute une partie du spectre politique, qui parviennent à accuser la gauche d’être responsable de cette Nuit de la Honte, et sous la dictée desquels les articles infâmes de la loi « Sécurité Globale » ont été rédigés.

Sanctions pour les fautifs, démission des responsables !

Le préfet de police de Paris, qui est visiblement incapable d’empêcher les débordements des agents sous ses ordres, pas plus qu’il n’est capable d’identifier les policiers violant leur devoir de réserve et participant à des manifestations illégales, doit être poursuivi et doit être démis de ses fonctions.

Le ministre de l’intérieur doit assumer sa responsabilité dans ce fiasco intégral de sa politique répressive, intervenue sous sa responsabilité, et présenter sa démission sur le champ, comme il sied dans une République saine où un ministre en exercice ne saurait refuser d’endosser la charge de ses échecs.

La majorité En Marche et les députés qui la composent doivent écouter la voix de la raison et abandonner la loi « Sécurité globale ».

Dans notre pays en proie à une catastrophe sanitaire globale, où la pauvreté explose et où l’on s’attend dès 2021 à subir de plein fouet le revers économique de grande ampleur de cette crise, avec des fermetures d’entreprise en cascade et des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires, nous n’avions pas besoin de ce 23 Novembre qui restera dans les mémoires comme la Nuit de la Honte de la présidence Macron.

Si aucune leçon n’est tirée par le pouvoir de ce désastre, il y aura d’autres nuits comme celle-ci. Ce n’est pas une hypothèse mais une certitude.

Les marcheurs dans le camp des bourreaux

Les communiqués plus ou moins indignés de figures du gouvernement jouant la surprise sur l’air de « je suis choqué » au spectacle infâmant des excès de brutalité d’une police en roue libre ne trompent personne.
Marcheurs, marcheuses, soutiens actifs ou silencieux, prenez-en bien conscience.
Celles et ceux qui auront contribué avec Emmanuel Macron et ses séides à faire de l’état français ce bourreau pour les faibles, les pauvres, les opposants politiques et les journalistes voient aujourd’hui leur complicité dans cette forfaiture définitivement établie.

A moins de se désolidariser clairement, totalement, immédiatement et durablement de la politique présidentielle qui a fait de la France et de sa police cette chose abjecte qui maltraite et fait souffrir ceux qu’elle devrait servir et protéger, cette complicité les marquera comme une souillure indélébile, souillure qui les poursuivra encore longtemps après que le peuple français aura dégagé M. Macron du palais de l’Elysée.

Ce que nous ferons

Du côté des insoumis et des forces politiques qui se fédèrent et s’organisent avec la plateforme internet noussommespour.fr, la situation est claire : nous sommes pour le contrôle de la police du peuple par les citoyens, pour une politique d’accueil des réfugiés cohérente, intelligente et humaine, pour le respect total de la liberté d’informer.
Et si la décision populaire le permet, dès 2022 nous ferons la démonstration qu’on peut diriger ce pays vers des jours meilleurs en comprenant que le peuple français n’est jamais le problème, mais la solution.